Face à la crise des urgences hospitalières, au manque de lits et à l'épuisement du personnel soignant, un modèle de prise en charge émerge comme une réponse crédible et structurante : l'hospitalisation à domicile (HAD). Encore sous-déployée, cette alternative à l'hospitalisation classique connaît aujourd'hui une accélération significative. Et si c’était la prochaine grande transformation du système de santé ?
Une dynamique en forte croissance
Les chiffres sont clairs : l’hospitalisation à domicile gagne du terrain, portée par des évolutions médicales, technologiques et sociales.
- Augmentation de 33 % des séjours HAD évitant une hospitalisation complète depuis 2019
- Plus de 159 000 patients pris en charge en HAD en 2022
- Généralisation de soins techniques à domicile : oncologie, soins palliatifs, pansements complexes, post-opératoire, etc.
Ce modèle permet aux patients de bénéficier de soins de qualité dans un cadre familier, entourés de leurs proches. Il favorise également le maintien du lien social et réduit les risques liés à l'hospitalisation prolongée (infections nosocomiales, désorientation, perte d’autonomie).
Une reconnaissance croissante au niveau institutionnel
Le développement de l’HAD est désormais soutenu par une série d’initiatives nationales :
- Signature d’une convention entre la FNEHAD et les étudiants en médecine (juin 2025) pour promouvoir l’exercice en HAD
- Lancement d’une expérimentation nationale sur les forfaits de chimiothérapie à domicile (décret de février 2025)
- Multiplication des échanges entre la Fédération hospitalière de France, les ministères et les agences régionales de santé pour intégrer durablement l’HAD dans les parcours de soins
Un événement national est prévu le 22 septembre 2025 pour réunir l’ensemble des parties prenantes autour de la construction de "l’HAD de demain".
Un levier stratégique pour l’ensemble des acteurs de la santé
Pour les professionnels de santé, l’HAD représente un cadre d’exercice innovant : plus de proximité avec les patients, autonomie renforcée, travail en équipe pluridisciplinaire, et valorisation des compétences.
Pour les établissements médico-sociaux, elle permet de repenser la coordination avec les services existants (SSIAD, SPASAD, ESMS), en renforçant la continuité des soins et en évitant les hospitalisations évitables.
Pour les décideurs publics et financeurs, l’HAD constitue un modèle plus efficient : un coût par séjour inférieur à celui de l’hospitalisation conventionnelle, tout en répondant aux attentes des patients.
Un terrain d’innovation organisationnelle
Au-delà de la dimension médicale, l’HAD s’impose comme un laboratoire d’expérimentation pour le système de santé :
- Déploiement de la télémédecine et de la télésurveillance pour sécuriser les soins
- Plateformes numériques pour fluidifier la coordination des acteurs
- Logistique optimisée, y compris en zones rurales ou isolées
- Approches centrées sur l’anticipation des ruptures de parcours
Cette transformation implique une refonte des pratiques, une montée en compétences des équipes et une volonté commune d’agilité et de collaboration.
Construire un nouveau modèle de santé
L’HAD n’est pas une simple alternative temporaire. C’est un modèle pérenne, complémentaire de l’hospitalisation classique, et centré sur les besoins réels des patients.
Il ne s’agit pas de "faire moins d’hôpital", mais de proposer plus de santé, autrement. Dans un contexte de vieillissement de la population, de chronicisation des pathologies et de tension budgétaire, l’HAD offre des réponses concrètes, humaines et durables.
Pour réussir ce virage domiciliaire, l’engagement des professionnels de santé, des institutions, des territoires et des citoyens est indispensable.