Depuis le 30 juillet 2025, deux décrets majeurs (n° 2025-723 et n° 2025-724) redéfinissent l’équilibre entre les Agences Régionales de Santé (ARS) et les préfets. Ils marquent une volonté claire de replacer l’autorité de l’État territorial au cœur des décisions sanitaires et médico-sociales.
Le préfet de région au centre des choix stratégiques
Jusqu’alors, les ARS disposaient d’une large autonomie pour piloter la planification et la régulation de l’offre de soins et médico-sociale. Avec la nouvelle réglementation, le préfet de région doit désormais être consulté avant toute décision importante concernant le schéma régional de santé.
Ce changement de gouvernance place le préfet en co-acteur stratégique des orientations de l’organisation des soins, et non plus en simple observateur. L’approche politique et territoriale s’impose ainsi aux côtés de la vision technico-administrative des ARS.
Retrait d’autorisation : une double garantie
Le retrait d’une autorisation d’activité de soins ou médico-sociale constitue une décision lourde de conséquences pour les établissements, les professionnels et les usagers.
Désormais, l’ARS doit consulter à la fois le préfet de région et le préfet de département concerné. Cette double consultation renforce la prise en compte de l’impact territorial, social et politique de la décision. Elle représente une garantie supplémentaire pour les acteurs concernés.
Suspensions d’activité : le rôle accru du préfet de département
En cas de suspension envisagée, l’avis du préfet de département devient obligatoire. Cette évolution associe directement l’autorité préfectorale aux mesures d’urgence et de régulation. Elle confère plus de légitimité et de transparence à des décisions souvent sensibles.
Un rééquilibrage des pouvoirs entre ARS et préfets
Ces évolutions traduisent un mouvement de rééquilibrage institutionnel. L’État déconcentré reprend la main sur certaines décisions qui ne relèvent plus exclusivement des ARS. Celles-ci s’accompagnent désormais d’une appréciation politique et territoriale, renforçant le rôle des préfets.
Ce tournant s’inscrit dans une tendance plus large : une coordination accrue entre l’État territorial et les agences spécialisées, afin d’adapter plus finement les politiques publiques aux réalités locales.
Quels impacts pour les acteurs de terrain ?
- Établissements de santé et médico-sociaux : décisions de l’ARS désormais soumises à des arbitrages croisés, ce qui pourrait allonger certains délais mais améliorer la prise en compte des réalités locales.
- Collectivités territoriales : davantage d’interactions avec les préfets dans le champ de la santé publique et du médico-social.
- Usagers : promesse d’une régulation plus territorialisée, au plus près des besoins concrets du terrain.
Conclusion
Le renforcement des pouvoirs des préfets opéré par les décrets de juillet 2025 marque une étape importante dans la gouvernance sanitaire et médico-sociale. En réaffirmant la présence de l’État dans le pilotage, cette réforme vise à concilier expertise technique des ARS et vision politique territoriale des préfets, au bénéfice d’une meilleure adaptation des décisions aux réalités locales.