LE VIRAGE DOMICILIAIRE : UNE NÉCESSITÉ POUR LE SECTEUR DE L’AUTONOMIE

23/09/2025
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Des chiffres clés sur le maintien à domicile des personnes âgées

 

Le débat autour du virage domiciliaire revient régulièrement dans le secteur médico-social. Pourtant, les chiffres sont sans appel :

 

  • Dépenses en établissement (Ehpad) : 19,1 milliards d’euros
  • Dépenses à domicile : 9,3 milliards d’euros
  • Coût par personne : trois fois plus élevé en Ehpad qu’à domicile

 

L’essentiel de ce surcoût (70 %) est lié à l’hébergement, le reste aux soins, plus fréquents en établissement car les résidents sont en moyenne en moins bonne santé.

 

Une offre médico-sociale en décalage avec les besoins

 

Aujourd’hui, 220 000 personnes âgées classées GIR (groupe iso-ressources) 3 et 4 résident en Ehpad alors qu’elles pourraient être accompagnées à domicile. Leur maintien à domicile permettrait 2 milliards d’euros d’économies par an et répondrait à la volonté majoritaire des seniors : vieillir chez soi.

 

Pour chaque millier de personnes en GIR 3 ou 4 maintenues à domicile, les finances publiques économiseraient 100 millions d’euros.

 

Ehpad et domiciles : vers un modèle complémentaire

Les Ehpad spécialisés pour les grandes dépendances

 

Le rapport recommande de concentrer les Ehpad sur l’accueil des personnes en perte d’autonomie lourde (GIR 1 et 2).

 

Les alternatives : résidences seniors et habitats inclusifs

 

Pour les seniors encore autonomes, les solutions intermédiaires telles que les résidences services seniors, les habitats inclusifs ou les domiciles partagés constituent une alternative équilibrée entre domicile classique et institution.

 

Les défis du virage domiciliaire : financement, ressources et innovation

 

Mettre en place un véritable modèle de maintien à domicile implique de surmonter plusieurs obstacles :

 

  • Ressources humaines insuffisantes : le recrutement massif dans l’aide à domicile reste complexe.

 

  • Technologies et intelligence artificielle : des solutions indispensables pour renforcer la coordination et alléger certaines tâches.

 

  • Financement déséquilibré : actuellement, seuls 17 % des crédits de la CNSA sont dédiés au domicile, contre une majorité pour les établissements.

 

Objectifs 2030-2050 : réduire les coûts et répondre aux attentes des seniors

 

L’ambition affichée est claire :

  • Passer d’un ratio 60/40 domicile/établissement en 2024 à 75/25 en 2050.
  • Réaliser 12 milliards d’euros d’économies d’ici 2050, dont 3 milliards dès 2030.

 

Mais au-delà de l’aspect financier, il s’agit de répondre à une demande sociétale forte : favoriser l’autonomie et le maintien à domicile des personnes âgées.

 

Gouvernance et stratégie nationale pour réussir le virage domiciliaire

 

Pour réussir, la gouvernance doit évoluer. L’État doit définir une stratégie nationale via une loi de programmation, mais déléguer la mise en œuvre à :

 

  • La Caisse nationale de solidarité pour l’autonomie (CNSA),
  • L’Assurance retraite,
  • Les Départements de France, acteurs de proximité adaptés aux réalités locales.

 

Conclusion : une transformation nécessaire du secteur médico-social

 

Le virage domiciliaire n’est pas seulement un impératif économique. C’est avant tout une réponse humaine aux attentes des seniors, qui souhaitent majoritairement rester à domicile.

 

Cette transition implique une restructuration profonde du secteur médico-social, un investissement dans les technologies et une meilleure répartition des financements publics.

 

La question demeure : les acteurs du secteur de l’autonomie sont-ils prêts à transformer leur modèle pour concrétiser enfin le virage domiciliaire ?