Le secteur médico-social traverse une crise d’une ampleur inédite. Et contrairement à ce que certains veulent croire, ce n’est pas une difficulté passagère. C’est une crise systémique, structurelle, profondément humaine.
Les établissements pour personnes âgées dépendantes (EHPAD), les foyers pour personnes en situation de handicap, les services d’aide à domicile… tous subissent les effets d’un engrenage délétère : moins de personnel, donc plus de charge sur les équipes restantes, donc davantage de départs.
Un cercle vicieux bien connu, mais toujours plus destructeur.
Que s’est-il passé ?
Les métiers du soin et de l’accompagnement ont été vidés de ce qui faisait leur richesse. Ce qui donnait du souffle aux professionnels, ce qui les faisait tenir.
Ils ont perdu :
- Du temps pour bien faire leur travail
- De la reconnaissance, à la fois symbolique et concrète
- Du sens, dans des organisations devenues parfois absurdes
Et pourtant, beaucoup tiennent encore. Par conviction. Par attachement à leur mission. Par humanité. Mais jusqu’à quand ?
Les réponses actuelles ne suffisent plus
Des tentatives ont été faites, certes :
- Le Ségur de la santé a permis des avancées salariales… mais de façon inégale.
- Le recours aux intérimaires permet de colmater, mais désorganise les équipes et pèse financièrement.
- La communication institutionnelle rassure les décideurs, mais reste souvent hors-sol.
Il ne s’agit plus de rafistoler un modèle à bout de souffle. Il faut un changement de cap. Radical. Profond. Collectif.
Quelques pistes concrètes pour réinventer le secteur
Il est temps de passer à l’action, avec des propositions qui viennent du terrain et qui ont fait leurs preuves ailleurs :
- Redonner de l’autonomie aux équipes, en s’inspirant des modèles horizontaux comme Buurtzorg, fondés sur la confiance et la responsabilisation.
- Alléger la charge administrative, pour permettre aux professionnels de passer plus de temps avec les personnes qu’ils accompagnent.
- Valoriser les compétences relationnelles et expérientielles, pas uniquement les diplômes formels.
- Construire de véritables parcours professionnels avec des perspectives d’évolution, de spécialisation, de reconnaissance.
- Associer les familles et les usagers aux décisions, pour remettre du sens et de la cohérence dans les pratiques.
- Coopérer à l’échelle des territoires, en décloisonnant les politiques sociales : logement, mobilité, petite enfance, formation.
Et surtout, écouter
Écouter les professionnels de terrain. Entendre leur fatigue, mais aussi leur engagement. Leurs colères, mais aussi leurs idées. Leur ras-le-bol, mais aussi leur attachement à leur mission.
Réenchanter le médico-social, c’est une question de dignité. Pour les personnes accompagnées. Et pour celles et ceux qui les accompagnent.