Depuis 2023, les services de soins infirmiers à domicile (SSIAD) et les SPASAD connaissent une transformation majeure de leur financement. Pilotée par l’ATIH (Agence technique de l'information sur l'hospitalisation), cette réforme bouleverse la manière dont les dotations sont calculées. Quels changements concrets pour les structures… et pour les patients ?
Un financement aligné sur la réalité du terrain
Jusqu’ici, les dotations étaient figées, sans lien direct avec l’activité réelle des services. Le nouveau modèle introduit le forfait global de soins (FGS), qui prend en compte :
- Le profil des usagers (niveau de dépendance, pathologies)
- Les soins réellement dispensés (interventions infirmières, week-ends, complexité des situations)
- Les charges structurelles et de transport
L’objectif est clair : donner plus de moyens aux prises en charge lourdes et rééquilibrer la répartition entre services.
Trois composantes clés du nouveau modèle
- Le forfait global de soins : cœur de la réforme, il repose sur 9 forfaits hebdomadaires et des majorations spécifiques (diabète, forte dépendance, interventions conjointes).
- La dotation de coordination aide/soin : un levier pour encourager les services autonomie.
- Les financements complémentaires : destinés à des missions particulières (équipes spécialisées Alzheimer, SSIAD de nuit, etc.).
Comment se calcule la dotation ?
- Une part fixe : 8 684,23 € par place autorisée (hors financements complémentaires).
- Une part variable : les forfaits hebdomadaires liés à chaque usager, ajustés selon GIR, présence d’IDE, week-ends, etc.
- Des majorations : pour les situations complexes.
Chaque semaine et chaque usager comptent désormais dans le calcul de la dotation.
Un déploiement progressif jusqu’en 2027
Le financement cible sera atteint à l’horizon 2027. Chaque année, un cinquième de l’écart avec l’ancien modèle sera comblé. Un mécanisme de protection évite toute perte brutale : aucun service ne peut percevoir moins que sa dotation 2022, revalorisation Ségur incluse.
Point essentiel : la qualité du recueil de données d’activité (obligatoire depuis 2022) conditionne directement le financement.
Quelles implications pour les structures ?
- Les services prenant en charge des situations lourdes verront leurs moyens augmenter.
- Les structures historiquement sur-dotées convergeront progressivement à la baisse.
- La rigueur dans le recueil et la transmission des données devient stratégique : mal documenter son activité, c’est risquer une dotation sous-évaluée.
Une opportunité de transformation ?
Au-delà des aspects techniques, cette réforme constitue une véritable opportunité de :
- Mieux connaître son activité réelle
- Anticiper les impacts financiers
- Adapter son organisation de soins
Elle représente un pas important vers plus d’équité, mais soulève aussi un défi majeur de pilotage et de gestion des données.