Les Centres de Soins Infirmiers (CSI) assurent une mission cruciale dans l’accès aux soins, notamment pour les populations précaires et les territoires sous-dotés en professionnels de santé. Pourtant, ces structures sont aujourd’hui menacées par un financement inadapté, mettant en péril leur pérennité. Quels sont les enjeux derrière cette crise silencieuse et quelles solutions peuvent être envisagées pour préserver leur existence ?
Un modèle économique fragilisé
Contrairement aux infirmiers libéraux, les CSI reposent sur un modèle salarié avec une organisation rigide. Cette configuration les expose à de fortes contraintes budgétaires.
- Tarification défavorable : les actes réalisés en CSI sont remboursés à des tarifs inférieurs à ceux pratiqués en libéral.
- Charges fixes élevées : loyers, salaires, logistique et autres coûts de structure pèsent lourdement sur leur budget.
- Déficits récurrents : de nombreuses structures accumulent les pertes et doivent réduire leurs effectifs ou limiter leur activité.
Un financement déconnecté des réalités du terrain
Les CSI prennent en charge des patients souvent en situation de précarité, souffrant de pathologies complexes. Pourtant, la tarification actuelle ne reflète ni cette complexité, ni les besoins spécifiques de ces publics. La réforme du Bilan de Soins Infirmiers (BSI), censée corriger ces déséquilibres, reste mal appliquée aux CSI, accentuant leurs difficultés.
Une absence de revalorisation des actes
Depuis plusieurs années, les tarifs des soins stagnent, alors que les coûts (inflation, salaires, charges sociales) augmentent. Les CSI, à la différence des cabinets libéraux, ne peuvent pas ajuster leur activité selon la rentabilité. Ils dépendent de financements publics souvent insuffisants et irréguliers.
Des conséquences concrètes : la disparition progressive des CSI
Les effets de cette crise sont déjà visibles :
- Fermetures en série : de nombreux CSI cessent leur activité, incapables de couvrir leurs charges.
- Réduction des services : certaines structures diminuent leur offre ou suppriment des postes.
- Moins d’accès aux soins : la disparition des CSI prive de nombreux patients vulnérables d’un suivi adapté.
Quelles pistes pour préserver les Centres de Soins Infirmiers ?
Plusieurs mesures concrètes peuvent être envisagées pour sauver ces structures :
- Revaloriser les tarifs des actes infirmiers en CSI afin de les aligner sur ceux des libéraux.
- Mettre en place un financement pérenne, combinant tarification à l’acte et forfaits adaptés à la charge en soins.
- Renforcer l’intégration des CSI dans les parcours de soins coordonnés, en lien avec les Communautés Professionnelles Territoriales de Santé (CPTS) et les équipes mobiles.
- Valoriser les missions transversales des CSI (prévention, éducation thérapeutique, télémédecine) pour diversifier leurs sources de financement.
Une réforme urgente pour un enjeu d’équité
Si rien n’est fait rapidement, les CSI continueront à disparaître, avec des conséquences graves pour l’accès aux soins des plus fragiles. Leur mission de service public, leur ancrage territorial et leur expertise en soins infirmiers font d’eux des acteurs indispensables pour un système de santé plus juste et plus accessible.
Il est temps que les pouvoirs publics reconnaissent l’importance des Centres de Soins Infirmiers et prennent des mesures concrètes pour assurer leur avenir.